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Actualité

Écrire et traduire en minorité • présentation de la résidence de l'artiste-traducteur Laurent Vannini

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Lucas van Valckenborch, Torre di Babele, 1594
Lucas van Valckenborch, Torre di Babele, 1594
Date(s)

le 9 novembre 2022

20h30

Gratuit
Réservation sur ticketfac.univ-tours.fr
Lieu(x)
Salle Thélème

Laurent Vannini présentera sa résidence 2022-2023 à l'université de Tours et l'unité de recherche interdisciplinaire Interactions Culturelles et Discursives (ICD).

Avec Canan Marasligil, auteurice féministe et traductrice littéraire,
Mohamed Mbougar Sarr, lauréat du prix Goncourt 2021,
les chercheuses Michaela Enderle-Ristori, Yekaterina Garcia Markina, Anna Krykun,
et les musicien.ne.s Pelin Başar et Mustafa Caner Sezgin.


L'anglais a détruit la littérature orale gĩkũyũ et kényane. C'est dans ces termes que Ngũgĩ Wa Thiong'o, plume majeure de la littérature mondiale depuis soixante ans, décrit ce qu'une langue coloniale fait à un pays tout entier, à ses peuples. Décoloniser l'esprit, paru en 1986, dans lequel le rôle de l'anglais est ainsi dépeint, est son dernier ouvrage écrit en anglais. Depuis lors, Ngũgĩ Wa Thiong'o écrit d'abord romans, essais ou poésies en gĩkũyũ, puis les traduit vers l'anglais.

Ce qu'une langue détruit, comment le reconstruire ? Comment des décennies, des siècles de violence et d'enfouissement exercés par une langue coloniale sur les langues de peuples colonisés peuvent-ils faire présent aujourd'hui ? Et quelle place peut-il exister dans ce présent pour les langues violentées et pour leurs locuteurices, constamment renvoyé.e.s à la minorité de leur "culture", de leur "langue", de leur "couleur de peau" dans les structures même de la société mondialisée ? Quelle place peuvent-elles occuper dans leurs langues devant la puissance invisible de ce que Valentin Yves Mudimbe appelle la structure colonisatrice, dont les langues coloniales ne sont que la partie émergée ? Enfin, quel rôle joue la traduction dans la violence et la résistance entre langues coloniales et minorées ?

Canan Marasligil navigue entre quatre langues pour traduire romans, poésies, essais, livres pour enfants. Mais elle donne également de sa voix pour démêler l'écheveau économico-politique du monde normatif de l'édition. Mohamed Mbougar Sarr a écrit quatre romans en français dont les thèmes traitent des violences faites aux humains, leurs corps, leurs âmes, leurs langues, et il se charge lui-même de la traduction de son dernier opus, prix Goncourt 2021, en sérère. À la lumière de leur vécu entre maints langues, nous tenterons de trouver quelques éléments de réponse sur les rapports de force et de domination dont la traduction est le véhicule.

Suivez la résidence de Laurent Vannini à l'université de Tours, en cliquant ici