Tableaux imaginaires de la Révolution française. Remarques sur la sémantique des temps révolutionnaires. Par Stéphane Mouré.
L'idée de Révolution, au sens politique du terme, implique la référence à un passé révolu, constitué sur la base d'une rupture définitive. Elle invalide d'emblée le modèle astrologique, qui identifie la révolution au mouvement orbital, sans cesse recommencé, d'un corps céleste. Une telle opposition sémantique, pour séduisante qu'elle soit, occulte peut-être ce que serait, dans la Révolution même, l'autre Révolution. Elle détourne notre regard de cette Révolution dans la Révolution qui s'ordonne tout entière à l'exigence d'une exception fondatrice. La question est alors de déterminer en quoi l'imagination révolutionnaire ici mise à contribution préserve quelque chose de cette circularité spécifique.Stéphane Mouré est Maître de conférences à la faculté de droit de l’Université de Tours
De la révolution des astres à celle des hommes. Par Nicolas Millet.
Le terme de « révolution » a d’abord désigné le mouvement ordonné des astres sous la forme d’un cycle et d’une répétition : c’est l’éternel retour du même, celui de la nature. Comment un tel terme a-t-il pu en venir à nommer le renversement d’un ordre, l’action volontaire de l’homme et son inscription dans l’histoire – voire la possibilité d’un progrès, d’un à-venir qui soit autre et non pas le même ? Quels liens intimes – essentiels peut-être – peuvent unir les hommes aux astres ? Les révolutions des uns peuvent-elles être le modèle des autres ? En quoi ? Comment ? Telles sont nos questions. Pour y répondre, on repartira d’une tradition perdue qui voit dans le ciel l’objet d’une imitation possible – nécessaire, même – pour les hommes. On situera ensuite son impossibilité à l’époque moderne – la nôtre, donc – pour enfin mieux comprendre ce que nous pouvons, peut-être, encore apprendre, de nos jours, des corps célestes et de leurs révolutions : une pratique de l’insurrection permanente. Voilà donc notre trajet – notre trajectoire, plutôt – qui de va de Platon à Blanqui, de droite à gauche, articule étrangement astronomie et politique. Agrégé de Philosophie, Nicolas Millet est chargé de cours à l’Université de Tours (U.F.R. Art et Sciences humaines, Département de Philosophie). Il enseigne également au Lycée.
- Eléments bibliographiques : Platon, Le Timée ; Galilée, Le messager des étoiles ; Blanqui, L’éternité par les astres ; Brague, La sagesse du monde.
Modération par Juliette Grange.
Juliette Grange est Professeur au département de Philosophie de l’Université de Tours.
Les Mercredis de Thélème
C'est un cycle de conférences grand public qui vise à mettre en valeur le travail et les compétences de chercheurs et équipes de recherche de l'Université et souhaite favoriser la diffusion des savoirs dans tous les domaines.