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Actualité

Mercredis de Thélème
"1914, perspectives médico-sociales" avec Alain Junqua et Romaric Nouat

  • Culture,
Date(s)

le 21 mai 2014

18h30 à Thélème
Entée libre et gratuite
Lieu(x)
Salle Thélème

Tout au long de l’année 2014 les Mercredis de Thélème contribueront aux commémorations du centenaire de la Première Guerre Mondiale avec un cycle intitulé « 1914 en perspective(s) ».

"1914, perspectives médico-sociales"

Alain Junqua, Université de Poitiers,  CRITT - Ingénierie éducative
et
Romaric Nouat, Université François-Rabelais

Modérateur : Marc de Ferrière le Vayer , Université François-Rabelais
Alain JUNQUA est Professeur émérite de l'Université de Poitiers, Président du CRITT Sport Loisirs et il fait partie de l'Académie Nationale Olympique Française.
"Il a fallu 100 ans pour que le sport s’impose comme un thème de convergence performant pour développer chez les adolescents le goût pour les sciences de l’ingénieur."

Au début du vingtième siècle, deux manières d’enseigner les activités physiques et sportives s’opposèrent.
Celle proposée par Pierre DE COUBERTIN s’imposa très rapidement : « Méfiez-vous de la science … Que la science installe donc aux portes du sport ses intéressants laboratoires mais qu’elle renonce à la prétention d’en interdire l’accès à un empirisme indispensable ». De nos jours, l’enseignement de l’EPS mais également les méthodes d’entraînement se fondent sur les sensations à éprouver pour être performant et la transmission des règles d’actions qui en découlent. En conséquence, pour les élèves actuels, l’EPS reste une discipline à part, très prisée des élèves à cause de relations humaines spécifiques, mais dont le contenu reste sans interaction avec les autres disciplines d’enseignement.
Georges DEMENY, devenu en 1903 directeur du CSEP (Cours Supérieur d'Education Physique, une école de formation sportive et médicale) proposait une tout autre démarche « La science doit de plus en plus éclairer les méthodes empiriques d’éducation ». Ce n’est pas sa méthode qui s’imposa en EPS et c’est tant mieux pour le développement extraordinaire que connut la pratique des sports et des loisirs sportifs ! Par contre, en inventant des dispositifs appropriés qui lui semblaient indispensables pour enseigner les gestes sportifs basiques, il avait jeté inconsciemment les bases d’un enseignement performant de la mécanique et des sciences modernes de l’ingénieur. En inventant l’un des premiers dispositifs de chronophotographie 2D et surtout la première plate-forme biomécanique, Georges DEMENY est selon nous le premier biomécanicien de l’histoire des sciences ; en effet, il sut démontrer comment en se déformant sous l’action de muscles actionneurs, le corps humain, parce qu’il est polysegmentaire, crée de lui-même les forces extérieures nécessaires à l’accomplissement des gestes sportifs mais aussi ceux de la vie quotidienne. Or cent ans plus tard, le sport (à l’instar de l’univers et de la santé) est devenu un thème de convergence officiel pour l’enseignement des sciences physiques en classe de seconde ; par contre, les initiateurs de cette action n’ont pas cru devoir y associer la discipline EPS alors que le sport se prêterait pourtant selon eux à la découverte de la démarche scientifique. Nous sommes de ceux qui pensent que le sport est le média tant recherché pour donner aux adolescents le goût pour les sciences de l’ingénieur encore faut-il permettre aux adolescents d’analyser mécaniquement leurs propres prouesses athlétiques ; en cela Georges DEMENY a eu plus d’un siècle d’avance.
A notre initiative, le Comité National Olympique et Sportif Français en convention avec l’Université de Poitiers, l’Institut Pprime du CNRS et le Centre Régional d’Innovation et de Transfert de Technologie en Sport et Loisirs de Poitou-Charentes ont développé une mallette pédagogique reprenant les dispositifs de Georges DEMENY ; cette mallette est désormais mise à la disposition des collèges et lycées de Poitou-Charentes dans lesquels des actions pluridisciplinaires (sciences physiques, technologie, sciences de la vie, mathématiques, EPS …) sont désormais en cours d’expertise. Nous espérons ainsi contribuer à inculquer cette culture scientifique que l’on juge indispensable de nos jours pour comprendre les transformations du monde dans lequel nous vivons.
Bibliographie
Groenen H. Polycopié. Histoire de l'EP scolaire; Méthodes de Tissié et Demeny. FSSEP Lille 2 Février 2007.
Demeny G. Mécanismes et éducation des mouvements. Paris Félix Alcan 1907.
Vigarello G. et Vivès J. Technique corporelle et discours technique. Culture technique n° 18. Janvier 1985.
Beltran L., Duboy J., Junqua A; et Morvan F. Langage praticien et langage scientifique. Revue française de pédagogie. Vol. 89- 1989 p. 23-28.
Duboy J., Junqua A. et Lacouture P. Mécanique humaine. Editions Revue EP.S 1994.
Haigneré C. Plaidoyer pour réconcilier les sciences et la culture. Editions Le Pommier et Universciences. 2010.

Romaric Nouat
Romaric Nouat est doctorant en Histoire Contemporaine à l’Université François Rabelais de Tours au sein de L’Équipe Alimentation (E.A. 6204). Ses domaines de recherche sont l’histoire de la Première Guerre mondiale et l’histoire de la Médecine. Son sujet de doctorat porte sur : Les hôpitaux militaires dans la 9e région militaire et plus particulièrement en Touraine durant la Première Guerre mondiale.

Le centenaire de la Première Guerre mondiale est l’occasion de découvrir, ou de redécouvrir, certaines facettes de son histoire. Parmi celles-ci, l’hospitalisation des soldats dans une région éloignée du front. L’Indre-et-Loire offre ainsi un parfait exemple de ces soins donnés aux nombreux malades et blessés évacués des tranchées mais aussi provenant du département lui-même. Ceux-ci sont soignés dans l’une des nombreuses formations sanitaires (hôpitaux mixtes, complémentaires, auxiliaires ou bénévoles) créées par le Service de santé aux armées, l’une des sociétés d’assistance de la Croix-Rouge ou bien des particuliers. Des soins qui doivent évoluer pour permettre de rendre à l’armée les soldats dont elle a cruellement besoin, quitte à utiliser des thérapies pour le moins discutables. Ces améliorations thérapeutiques sont faites principalement par des médecins civils mobilisés qui sont parfois des locaux. C’est là aussi tout l’intérêt de cette histoire : dévoiler une partie de l’histoire médicale de l’Indre-et-Loire.




Marc de Ferrière le Vayer est spécialiste de l'histoire de l'alimentation. Il est Professeur des Universités à l'Université François-Rabelais de Tours, Président de l'IEHCA (Institut Européen d'Histoire et des Cultures de l'Alimentation) et il est titulaire de la Chaire Unesco "Sauvegarde et Valorisation des Patrimoines Culturels Alimentaires". http://www.ferriere.org/